Bloquons tout le 10 septembre 2025
Publié par Natacha Scelles dans Economie · Jeudi 28 Août 2025 · 12:45
Tags: protection, des, informations, dirigeants, fraudes, en, ligne, communication, numérique, sécurité, outils, de, protection, détection, de, fraude, entreprises, particuliers
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Bloquons tout… mais réfléchissons :
comment faire des économies sans toucher
aux petits salaires ni aux retraites modestes
comment faire des économies sans toucher
aux petits salaires ni aux retraites modestes
mise à jour :
01/09/2025
Je tiens à préciser que je ne m’exprime habituellement pas sur des sujets politiques. Mon intention n’est donc pas de prendre parti ni d’alimenter un débat partisan. L’objectif de ce billet est simplement de proposer un axe de réflexion différent sur des questions économiques et sociales qui nous concernent toutes et tous. Je souhaite mettre en lumière certaines pistes alternatives qui permettraient peut-être de mieux comprendre la situation actuelle, sans remettre en cause les droits essentiels des salariés, des retraités ou des petites entreprises.
Résumé (pour les personnes pressées)
Il est possible de dégager plusieurs milliards d’euros par an sans toucher aux salaires modestes ni aux petites retraites. Les leviers les plus efficaces sont :
- Réformer le cumul public–privé des hauts fonctionnaires (pantouflage / détachements) — économies plausibles : 0,5 à 2 milliards €/an. (Cour des comptes - Le Monde.fr)
- Rationaliser les agences, opérateurs et organismes consultatifs (regroupement/suppression) — économies : de quelques centaines de millions à >1 milliard €/an. (Sénat - Fondation IFRAP)
- Optimiser le patrimoine immobilier de l’État (vente, mutualisation, réduction des surfaces) — économies récurrentes : centaines de millions €/an (plus recettes ponctuelles de cessions). ( Ministère des Finances - Cour des comptes)
- Réduire légèrement le nombre d’élus (députés) produit des économies visibles et facilement expliquées (voir calculs pour –20 % et –30 % ci-dessous). (Assemblée Nationale - Le Club des Juristes)
Nous entrons dans le détail ci-dessous — pas de jargon, que des chiffres et des explications simples.
Le mouvement « Bloquons tout » et le sens du débat
Depuis plusieurs semaines, un mouvement nommé « Bloquons tout » s’organise, incarnant un ras-le-bol général face à la hausse du coût de la vie : essence, loyers, courses… Ce mouvement défend la préservation du pouvoir d’achat des salariés modestes, indépendants et retraités fragiles. Le mouvement « Bloquons tout » traduit une colère réelle — hausse des prix, insécurité économique, pouvoir d’achat en berne. Initialement, il devait se traduire par une journée sans achat et sans sortie.
C’est légitime : certaines retraites ne suffisent plus à couvrir l’essentiel (logement, alimentation, santé). Inutile et injuste de les ponctionner davantage. Pourtant, pour restaurer la stabilité économique et financer les services publics (écoles, hôpitaux, sécurité…), il faut réfléchir à une autre manière de faire des économies : c’est-à-dire sans toucher aux gens les plus vulnérables.
Cet article n’est pas un appel à la grève, mais une invitation à explorer des pistes réalistes pour inciter à la réflexion : il existe des solutions structurelles, justes et efficaces, nous pouvons en regarder quelques-unes à titre d'exemple.
Ce texte n’est pas militant : il veut expliquer et montrer des pistes.
Il est neutre : il propose des idées chiffrées pour alimenter la réflexion publique.
Pourquoi ne pas toucher aux petits salaires et aux petites retraites — et pourquoi cela peut créer un cercle vicieux
Imaginez une ville où beaucoup de gens ont peu d’argent. Si la mairie décide de réduire encore ce peu d’argent (par exemple, réduire les petites aides, diminuer des pensions modestes), ces personnes achètent moins : moins de nourriture, moins de vêtements, moins de chauffage. Les petits commerces vendent moins, certains ferment, des gens perdent leur travail → il faut alors augmenter des aides sociales, relancer des dépenses publiques pour éviter l’explosion sociale. On se retrouve face à un cercle vicieux : on coupe aujourd’hui pour économiser, mais cela crée des problèmes qui coûtent encore plus demain.
Un exemple concret très simple et compréhensible :
- Mme Durant a une petite retraite. Si on lui coupe 50 €/mois, elle ne peut plus payer une partie de ses factures.
- Elle demande de l’aide sociale : cela représente un coût pour la collectivité.
- Elle dépense moins au supermarché : donc le commerçant a moins de ventes → il licencie → la collectivité doit aider le chômeur.
👉 → Au final, la « petite économie budgétaire » peut coûter davantage à l'Etat !
Chiffres : l’importance des retraites dans la protection sociale
Les retraites représentent une part considérable des dépenses publiques et la population retraitée contient des personnes fragiles : le taux de pauvreté des retraités est inférieur à celui de la population globale mais des millions sont proches du seuil de pauvreté (DREES / INSEE). Taper sur ces montants, c’est risquer d’aggraver la précarité des plus vulnérables.
Conclusion simple : toucher aux petits salaires ou aux petites retraites risque d’aggraver l’économie réelle et d’engendrer des mesures compensatoires coûteuses. Ce n’est pas une solution durable.
Le « pantouflage » et le cumul public–privé : l’exemple du gros gisement d’économies
Qu’est-ce que le pantouflage / détachement ?
- Pantouflage = passage ou va-et-vient d’un haut fonctionnaire vers le privé (banque, grand groupe, cabinet) en gardant parfois des liens ou avantages publics (détachement, maintien de certains droits, retour facilité).
- Détachement est la position administrative qui permet de partir dans un autre organisme (public ou privé) tout en conservant certains droits dans son corps d’origine. (Règles expliquées par Service-Public / Fonction Publique.)
Pourquoi c’est un coût pour l’État ?
- Dans certains cas, l’État continue de garantir des droits (avancement, réintégration, maintien d’un traitement de référence) qui vont «booster» la dépense publique — ou l’État perd la main sur la transparence et la bonne gestion des moyens.
- La Cour des comptes a étudié récemment les mobilités public–privé et posé des recommandations : c’est un sujet suivi par les institutions de contrôle. (Cour des comptes)
Chiffres parlants (estimation pédagogique, transparente dans ses hypothèses)
- Hypothèse prudente : 5 000 agents de très haut niveau concernés par des situations coûteuses (estimation réaliste des effectifs des grands corps et fonctions qui « circulent »).
- Surcoût moyen plausible (hypothèse pédagogique) : 100 000 €/an par personne (maintien d’un traitement, droits retraite, facilités de réintégration, prime, etc.).
→ 5 000 × 100 000 € = 500 millions €/an (0,5 G€). - Si l’on inclut les cas extrêmes (cumul de pensions, rémunérations maintenues, retours payés, primes et dispositifs d’accompagnement), le total peut monter jusqu’à ~2 milliards €/an dans l’hypothèse large.
👉 En clair : entre 0,5 G€ et 2 G€ par an est une fourchette réaliste pour le gisement d’économies si l’on cible correctement les pratiques les plus coûteuses et qu’on remet en ordre le système des détachements/cumul. (Cour des comptes - Le Monde.fr)
Exemple réel (pour rendre la chose parlante)
Des enquêtes de presse ont montré des situations où un élu/haut fonctionnaire cumulait des rémunérations élevées (ex. un maire haut fonctionnaire touchant des salaires élevés en parallèle), ce qui provoque incompréhension et colère dans l’opinion. Ces cas ne justifient pas le rejet de la mobilité, mais ils montrent la nécessité d’un encadrement strict pour éviter les abus (réf Lien ci-dessus).
Réduire le nombre de parlementaires –20 % et –30 % (sans aller à –50 %)
Le fonctionnement de l’Assemblée est parfois critiqué : certains débats donnent l’impression d’un manque d’efficacité ou de sérieux, ce qui nourrit une incompréhension dans l’opinion publique quant au rôle et au coût de la représentation nationale. (LCP ou Public Sénat)
Pourquoi ne pas aller à –50 % ?
Une réduction trop brutale (–50 %) risque de créer des problèmes de fonctionnement : perte de diversité territoriale, surcharge des commissions, baisse de représentativité. –20 % ou –30 % est un compromis politiquement réaliste et efficace.
Données officielles / hypothèses utilisées
- Indemnité parlementaire (brute, mensuelle) : 7 637,39 €. Assemblée Nationale
- Crédit collaborateurs (mensuel, plafond) : 11 118 €. Assemblée Nationale
- Avance de frais de mandat (AFM) (montant réévalué 2024) : ~5 950 € / mois. Le Club des Juristes
Nous additionnons ces trois postes pour obtenir un coût mensuel moyen par député (hypothèse prudente, ciblée sur ces trois lignes) :
- 7 637,39 + 11 118 + 5 950 = 24 705,39 € / mois par député.
- Sur 12 mois → 296 464,68 € / an par député.
Nombre de députés : 577.
→ Coût annuel total (pour ces trois postes) = 296 464,68 × 577 = 171 060 120,36 €.
→ Coût annuel total (pour ces trois postes) = 296 464,68 × 577 = 171 060 120,36 €.
(Remarque : ce calcul ne vise que 3 postes — il ne remplace pas le budget global de l’Assemblée (≈ 620,05 M€ en 2024) qui contient d’autres dépenses : bâtiments, services centraux, investissements, sécurité, etc.). Assemblée nationale
Calculs — économies directes (sur ces 3 postes)
Réduction –20 % (≈ –115 députés)
- Méthode 1 (proportionnelle) : 20 % × 171 060 120,36 € = 34 212 024 € / an.
- Méthode 2 (suppression de 115 députés) : 115 × 296 464,68 € = ≈ 34 093 438 € / an.
→ On retient : ≈ 34,1 M€ / an (arrondi).
Réduction –30 % (≈ –173 députés)
- Méthode 1 (proportionnelle) : 30 % × 171 060 120,36 € = 51 318 036 € / an.
- Méthode 2 (suppression de 173 députés) : 173 × 296 464,68 € = ≈ 51 288 390 € / an.
→ On retient : ≈ 51,3 M€ / an (arrondi).
👉 Ce que cela représente : ces sommes (30–50 M€) sont modestes au regard du budget total de l’État, mais elles sont directes, faciles à expliquer au public, et s’accompagnent de gains annexes (moins de bureaux à chauffer, moins de collaborateurs à payer, moins de frais de sessions, etc.). Ces économies sont « nettes » et symboliques — utiles politiquement et économiquement.
Agences, comités, organismes : exemples concrets et potentiels d’économie
Combien de structures ?
Les recensements parlementaires et de la Cour des comptes donnent des ordres de grandeur : ~1 200 organismes publics nationaux (regroupant agences, opérateurs, organismes consultatifs), dont 103 agences, 434 opérateurs, 317 organismes consultatifs selon les derniers rapports / audits parlementaires et sénatoriaux. Sénat - vie-publique.fr
Pourquoi c’est coûteux ?
- Chaque organisme a direction, locaux, personnels, rapports, bureaux — parfois pour des missions proches d’autres organismes.
- Il arrive que plusieurs structures fassent la même chose (doublon), ou n’aient pas de résultats clairs après des années de fonctionnement.
Exemples concrets (types d’économies faciles à expliquer)
- Fusionner deux observatoires au périmètre proche (ex. observatoire A + observatoire B) → on garde une équipe, on élimine la direction doublon, on mutualise locaux → économie sur salaires et fonctionnement.
- Supprimer un comité consultatif peu actif (pas de production de rapport depuis X années) → économie directe sur jetons et frais de réunion.
- Recentrer agences : supprimer le statut d’« opérateur » quand la mission est minimale et la confier au ministère (économie sur structure).
Estimation prudente
- Si l’on supprime / fusionne 10–20 % des structures redondantes/inefficaces, on parle d’économies annuelles allant de plusieurs centaines de millions à plus d’un milliard d’euros, selon l’échelle et la méthode (externalisation vs suppression). Les rapports parlementaires et de la Cour des comptes fournissent les chiffrages et diagnostics permettant d’affiner ces estimations. Sénat - Fondation IFRAP
Immobilier de l’État : vendre/mieux gérer = recettes et économies récurrentes
Ce qui existe aujourd’hui
- L’État gère un patrimoine immobilier très important. La Direction de l’immobilier de l’État (DIE) publie régulièrement des bilans : ex. 645 biens cédés en 2023 pour ~279 M€ de recettes (exemple d’une année faste). La Cour des comptes publie aussi des analyses sur la gestion du domaine. Presse - Ministère des Finances - Cour des comptes
Ce qu’on peut faire
- Vendre les biens inutiles (recettes ponctuelles), mutualiser les bureaux (réduire les surfaces occupées), facturer les lieux aux ministères pour responsabiliser l’usage, mieux numériser (réduire les coûts de gestion).
Gains plausibles
- Les cessions rapportent des recettes ponctuelles (des centaines de millions selon les années) et la réduction de surfaces/baux permet des économies récurrentes (chauffage, entretien, gardiennage). Le rapport DIE / Cour des comptes montre qu’il y a un potentiel significatif — centaine(s) de millions par an en gains et économies récurrentes si la stratégie est ambitieuse.
Anciens Présidents : dotation à vie — base juridique et proposition de temporalité
- Base légale : l’article de 1955 (loi n°55-366 du 3 avril 1955) fixe une dotation aux anciens Présidents équivalente au traitement d’un conseiller d’État ; des décrets récents encadrent le soutien matériel (personnel, locaux). La dotation existe donc juridiquement. Légifrance - vie-publique.fr
- Proposition raisonnable : conserver une dotation + protection, mais la limiter dans le temps (par ex. 5 ans d’appui matériel à pleine mesure, puis réduction) — cela réduirait le coût structurel (dizaines à quelques centaines de millions €/an selon le périmètre) tout en respectant la dignité de l’office.
Synthèse chiffrée et scénario « paquet de réformes » (ordre de grandeur)

Total combiné (scénario prudent, plusieurs mesures) : plusieurs milliards d’euros par an sans toucher aux salaires modestes ni aux pensions les plus faibles.
Pour parler simplement :
On peut garder le salaire des profs, des infirmières et des petits retraités, tout en trouvant des milliards d’économies.
👉Il suffit de fermer les portes qui fuient : arrêter les doubles rémunérations des hauts fonctionnaires, regrouper les agences qui font le même travail, vendre et mieux gérer les bâtiments inutilisés, et réduire modérément le nombre d’élus.
👉 Ce sont des économies justes et efficaces — pas des économies sur le dos des plus fragiles. »
La vraie marge de manœuvre n’est pas dans la poche des plus faibles, mais dans les coûts structurels, les privilèges non justifiés et les doublons administratifs. La question n’est donc pas de savoir s’il faut couper, mais où. Et si nous commencions par regarder du côté des dépenses structurelles plutôt que de fragiliser davantage ceux qui tiennent l’économie réelle ? En appliquant des réformes ciblées (fin du cumul public–privé problématique, regroupement d’agences, optimisation immobilière, réduction raisonnée du nombre d’élus, encadrement des avantages post-mandat), on peut obtenir des économies significatives — souvent visibles, politiquement parlantes, et socialement justes.
Natacha Scelles - Coaching Consult
1 commentaire
Sc
Mercredi 10 Sep 2025
article très intéressant avec des idées et solutions à étudier.